Gestes Gitans
Le travail contemporain de jeanne taris autour du pèlerinage des saintes s’inscrit comme un travail au long cours
Aucune image ne semble possible sans une intimité profonde, sans un temps inerte passé à observer et à créer une observation participative proche d’une enquête de terrain tout en portant un engagement esthétique assumé. Le choc des couleurs du monde contemporain, les objets technologiques d’aujourd’hui, les accessoires et les tatouages, le temps indéfini de l’attente figurent parmi les éléments du quotidien et de la trivialité qui surgissent et s’imposent.
Lors des processions et des dévotions, Jeanne Taris saisit l’émotion au plus près de la peau, montre les larmes et la sueur, les corps qui travaillent et se déforment dans le bouillonnement, l’effervescence et l’exaltation. Elle montre à la fois le poids de la foule qui emporte tout mais aussi la solitude des sentiments et les passions de chacun. Suivant une présence régulière au fil des années, auprès des mêmes familles, l’expérience du temps modèle profondément l’expérience photographique.
Chaque moment se complète au fil des années : le réveil et la torpeur du matin, les préparatifs et les réunions, le temps de la procession, les fêtes et célébrations qui se prolongent jusque dans la nuit, les opérations latérales qui prennent place à ce moment et dont la gamme s’étend à l’infini.
La vie ainsi suit son cours toujours interrompu, les images saisissent le théâtre de cette vie toujours recommencée.